TUNIS : concilier alimentation de proximité et cadre de vie : l’expérience francilienne peut-elle être utile pour le Grand-Tunis ? : Différence entre versions

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=== Présentation générale du cas ===
 
=== Présentation générale du cas ===
  

Version du 7 septembre 2018 à 16:28

Présentation générale du cas

Contexte et justification

Le maintien de terres agricoles dans le tissu urbain des grandes agglomérations en expansion comme Tunis ou Paris relève à la fois d'enjeux alimentaires, environnementaux et paysagers. Les différences significatives qui distinguent ces deux métropoles nécessitent, dans le cas du Grand-Tunis, une approche spécifique qui sache tirer parti des expériences franciliennes tout en construisant des projets adaptés au contexte local. C'est ce qu'expérimente le projet présenté ici, attentif notamment au contexte économique et aux attentes sociales des Tunisois. Basé initialement sur des préoccupations environnementales, ce projet se donne aussi comme objectifs de lutter contre la pauvreté urbaine et d'améliorer le cadre de vie des habitants.

Principales composantes du cas à l'étude

En agissant sur un poste budgétaire majeur en production maraîchère, l’approvisionnement en eau d’irrigation, le projet VALEAS a répondu aux attentes principales du bailleur de fonds, en luttant contre la pauvreté urbaine tout en contribuant à une meilleure gestion environnementale du Grand-Tunis. Au-delà de cette réponse attendue, il a surtout permis de mettre en évidence les potentialités d’un système agraire urbain qui pourrait se maintenir durablement si les conditions minimales de sa survie sont assurées .L’avenir de cette agriculture dépendra maintenant de l’aptitude des pouvoirs publics locaux et nationaux à prendre les bonnes décisions dans les futures phases que connaîtra la planification urbaine de la capitale tunisienne. Comme on l’a vu dans bien des cas, les modèles européens, et notamment français, seront observés de près par les responsables tunisiens, et certains d’entre eux seront peut-être tentés de les transposer un peu trop rapidement. Il est donc important d’évaluer les expériences réalisées au Nord de la Méditerranée en analysant ce qui peut les rapprocher ou, au contraire,ce qui les distingue nettement des situations des villes du Sud. C’est ce que le travail présenté ici a tenté d’amorcer à travers une comparaison entre l’Île-de-France et le Grand-Tunis. Cette analyse, encore très incomplète, permet déjà de discerner ce qui semble être les trois enjeux majeurs de l’agriculture urbaine à Tunis : économique, environnemental et paysager.

Enjeux soulevés par le cas

En France, les fruits et légumes sont moins chers dans la grande distribution que sur les marchés locaux, davantage approvisionnés par l’agriculture locale, comme la vente directe dont les prix sont comparables. En Tunisie, la situation est inverse puisque l’agriculture de proximité offre les prix les plus bas, via les marchés locaux. D’un point de vue économique, la préoccupation première doit être la viabilité des exploitations agricoles. Celle-ci est d’autant plus importante qu’il ne s’agit pas seulement de lutter contre la pauvreté des agriculteurs, mais aussi contre celle des populations défavorisées des périphéries urbaines, qui profitent d’un système de distribution alimentaire efficace et bon marché.

Problématique de la durabilité urbaine

La situation n’étant pas la même à Paris, il pourrait être dommageable de transposer à Tunis les préoccupations qui sont aujourd’hui celles de l’Île-de-France, dans un contexte socio-économique qui est très différent. D’un point de vue environnemental, la gestion de l’eau pose à Tunis des problèmes d’une tout autre ampleur qu’à Paris. La Tunisie est à la fois menacée de stress hydrique et soumise à des risques d'inondation vis-à-vis desquels l’étalement d’une ville densément imperméabilisée est un facteur aggravant. Les solutions proposées par le projet VALEAS sont ici un exemple éloquent de la manière dont la ville et l’agriculture peuvent construire des relations à bénéfice réciproque. L’exemple est d’autant plus intéressant à révéler qu’il peut s’étendre à beaucoup d’autres régions d’un pays dans lequel l’agriculture est, de loin, l’activité la plus consommatrice d’eau. Écologie et économie doivent donc aller de pair pour que les projets montrent leur efficacité. Mais l’ensemble doit aussi prendre en compte les besoins des populations en termes de cadre de vie ou, comme le dit la Convention de Florence, en termes de paysage, qui « est partout un élément important de la qualité de vie des populations » (Conseil de l’Europe,2000).

Orientations stratégiques

Les exemples franciliens ont, de ce point de vue, été des terrains d’expérience qui pourraient être utiles dans d’autres contextes, notamment le contexte tunisien. Transposer des schémas directeurs ou des réglementations n’est sans doute pas la meilleure «Les ressources en eau ont été mobilisées à hauteur de 85 % et elles sont affectées à 80 % pour le secteur agricole». Même si les modèles originaux ont bien fonctionné, les outils juridiques et sur tout leurs modalités d’application sont très différents d’un pays à l’autre : la prolifération de l’habitat spontané tunisien en est une illustration. Ce qui peut être pris en modèle, par contre, c’est la démarche adoptée par certains projets franciliens qui se sont efforcés de concilier les besoins fonctionnels de l’agriculture et les attentes des populations citadines vis-à-vis des paysages agricoles. Les futurs plans d’aménagement et d’urbanisme devront donc aussi être des projets de paysage, qui sauront s’appuyer sur les démarches participatives qui peuvent seules en assurer l’appropriation par les populations concernées. Gageons, là aussi, que les pouvoirs publics tunisiens sauront organiser la formation des figures professionnelles qui rassembleront les compétences nécessaires.

Analyse approfondie du cas sous étude en articulation avec la problématique de la durabilité urbaine

Le projet Initié début 2008 […] en réponse à l’appel d’offre du Centre de recherche pour le développement international (CRDI), et conduit par le Club Unesco/Alecso « Savoir et développement durable » (CUA-SDD), ce projet a été lancé dans le cadre d’une mission de lutte contre la pauvreté urbaine chez les petits agriculteurs (La Soukra est une des villes ciblées du projet PURE, « pauvreté urbaine et environnement » du CRDI). L’idée centrale est de reprendre en la modernisant une pratique connue depuis l’antiquité sur tout le pourtour méditerranéen, et qui consiste principalement à conserver dans des bassins l'eau de pluie qui tombe en abondance en hiver afin de pouvoir l’utiliser en été, lorsque l’agriculture en a le plus besoin .

Leçons apprises et recommandations

Le projet se double d’un système de recyclage des eaux grises (eaux usées peu polluées comme celles des lavabos, éviers, douches… susceptibles d’être réutilisées), largement produites par le milieu urbain.[…] le système permet de réduire la quantité d'eau envoyée dans les stations d'épuration, et donc de limiter leur engorgement, d’autre part, la récupération de l’eau pour l’irrigation contribue à limiter les risques de stress hydrique qui menacent la Tunisie dans les années à venir. Ajoutons qu’en favorisant le maintien de terres agricoles dans le tissu urbain, le projet contribue aussi à diminuer l’imperméabilisation des sols et donc les risques d’inondation, problème récurrent et grave dans l’agglomération tunisoise.[…] La récupération de l’eau s’est donc doublée d’une incitation des agriculteurs à se lancer dans une production maraîchère à haute technicité, pour laquelle une assistance agronomique (et agro-écologique) leur a été proposée.[…]Actuellement, une vingtaine d'agriculteurs sont partenaires du projet VALEAS. […]La majorité des agriculteurs pratiquent les cultures maraîchères sous tunnels (tomate, piment, salade, aubergine, gombo, melon, etc.) irriguées par les eaux pluviales récupérées depuis les toitures des bâtiments de l'exploitation, et parfois de bâtiments voisins. La culture de tomate et de piment, très productive sous serre, est la préférée des agriculteurs puisque ces produits sont incontournables dans la cuisine tunisienne et, du coup, faciles à écouler dans les quartiers. La production des plantes ornementales commence également à trouver sa place dans les exploitations grâce à l'utilisation des eaux grises purifiées.

Références 

Auteurs: Roland VIDAL et Saloua TOUMI

Dossier thématique Les défis et les perspectives de l’agriculture urbaine - The challenges and prospects of urban agriculture Special Issue.

http://www.vrm.ca/wp-content/uploads/EUE6_Vidal_Toumi.pdf