GALLY - Agricultures urbaines : un vivier d’opportunités entrepreneuriales

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Agriculture urbaine: Phase 1

Les Fermes de Gally en France ont développé depuis plus de 40 ans une vision entrepreneuriale de l’agriculture périurbaine : la création d’une cueillette en libre-service en 1983, la co-fondation Chapeau de paille regroupant aujourd’hui 25 fermes cueillettes en France, l’ouverture d’une première ferme pédagogique en 1995 à Saint-Cyr-l’École et d’une seconde à Sartrouville, le déploiement d’une jardinerie, d’un magasin de produits du terroir et d’un café sur le site historique de Saint-Cyr-l’École ; toutes ces initiatives ont succédé à d’autres diversifications familiales sur les fermes exploitées dans cette région du sud-ouest parisien (poules pondeuses dans les années 1960, semences et pommes de terre, fabrication de prototype de machinisme agricole au début du XXe siècle, etc.).

En 2013, les Fermes de Gally ont mis à disposition 3,5 hectares de friche, contiguë à leur exploitation, acquis récemment sur suggestion de la collectivité. Le démonstrateur « Les Fermes en villes » situé en périphérie urbaine, occupe 3,5 des 8 hectares d’une ancienne décharge de terres infertiles qui a été recouverte de terre et aménagée. Ce démonstrateur développe trois pôles d’activités:

  • La production maraîchère hors sol (1 hectare en année 1, 2 hectares en année 2) : fraises, framboises, tomates cerises, herbes aromatiques ;
  • Un espace de location de jardins hors sol pour le grand public ;
  • Une zone « vitrine », à la découverte de l’agriculture hors sol sous une grande diversité de formes (bacs, pots, ballots, gouttières, tours) et de modes techniques (planches et bacs sur substrat, hydroponie, etc.) pour accueillir des visites pédagogiques et professionnelles et servir de zone d’expériences comparatives.
Agriculture urbaine: Phase 2

Ce démonstrateur inédit est exemplaire et innovant par sa multifonctionnalité et son fonctionnement en économie circulaire. Il déploie un modèle économique, durable et professionnel qui réunit simultanément :

  • Une solution agricole en économie circulaire, économe en ressources (par recyclage d’eau et déchets verts), pour redonner de nouveaux usages de l’eau, des déchets et du sol, valorisant ainsi un foncier délaissé tout en visant une rentabilité économique, majoritairement par la vente des produits ;
  • Une offre d’économie solidaire qui crée des emplois locaux, assure des formations qualifiantes, s’appuie sur les entreprises d’insertion et favorise le lien social ;
  • Une commercialisation de la production sous diverses formes de circuits courts répondant aux besoins du manger local ;
  • Un système réplicable, modulable, réversible selon les besoins de revalorisation des espaces fonciers délaissés, publics et privés, à moyen ou long terme, ces espaces étant particulièrement fréquents en zones périurbaines.

Le démonstrateur « Les Fermes en Villes » est piloté par un groupement de 4 entreprises membres de la Grappe « Le Vivant et la Ville ». La requalification première du site a nécessité un nettoyage complet et un re-profilage, accompagné de toutes les études environnementales. Un bassin a été construit. Les déchets sont récupérés, stockés et réintégrés dans le système d’irrigation. Le projet fonctionne ainsi en zéro rejet.

Ce principe d’économie circulaire s’applique également aux substrats de culture qui sont testés dans les différentes techniques mises en œuvre. Ces substrats sont issus en grande partie de compostage de déchets verts urbains par une station de compostage voisine. Les allées ont été constituées par des concassés de béton et la parcelle entière a été recouverte d’une épaisseur de 20 cm de bois déchiqueté afin d’améliorer les conditions de travail et le confort d’exploitation et de visite. La couche marno-argileuse épandue préalablement sur la totalité de la plateforme permet d’assurer un bon écoulement des eaux pluviales par une pente à 2 %, mais ses qualités agronomiques sont très faibles et, en temps de pluie, l’accès à la parcelle aurait été impossible sans cet aménagement superficiel.

Les prévisions de productions annuelles ont été estimées sur la base des ratios de l’agriculture écologiquement intensive. « Les Fermes en Villes » emploient une main-d’œuvre professionnelle, formée et rémunérée pour produire, ayant un goût de l’accueil et des capacités à gérer des techniques diverses en hors-sol. Par ailleurs, le projet s’adosse à une exploitation maraîchère

professionnelle de 60 hectares ayant plus de 30 ans d’existence. Cette proximité permet une mutualisation des techniques et du savoir-faire. « Les Fermes en Villes » emploient à temps plein un maraîcher responsable du site et 4 saisonniers pour la cueillette et l’entretien des cultures pendant la saison. À terme, il est envisagé d’embaucher deux employés permanents polyvalents pour le suivi des cultures, l’entretien général du site et l’animation. Plusieurs moyens de commercialisation sont ainsi utilisés:

  • Un magasin de vente de produits du terroir de proximité ;
  • La grande distribution locale : deux partenariats avec des magasins voisins ;
  • Un distributeur fermier ouvert 24/24 sur un axe routier fréquenté ;
  • Un partenariat avec un service de livraison de fruits au bureau en région parisienne.

Outre les fonctions de production, l’objectif est de trouver des revenus complémentaires par la mise en place de visites et la location de parcelles à des familles voulant disposer d’un potager. Le hors-sol a une très mauvaise presse chez les consommateurs français car il est associé à des produits de masse sans goût.

« Les Fermes en Villes » ont la volonté de changer l’image de ces techniques de production en exposant sur une zone de 1 500 m² une quinzaine de techniques hors-sol différentes allant du ballot de paille composté jusqu’à des formes très modernes comme l’hydroponie et l’aquaponie, avec différentes variétés et en testant productivité et goût en milieu de parcelle ; ces travaux ont été rendus possibles en partie par les économies réalisées sur un chantier voisin de rénovation d’une station d’épuration qui avait des remblais conséquents. Ceux-ci ont été utilisés partiellement en couche superficielle de reprofilage des 3,5 ha du « toit » de ce remblai.

Le principe de l’économie circulaire qui a régi la mise en œuvre du démonstrateur s’applique d’abord à la ressource en eau : récupération des eaux de drainage et de pluie. Le re-profilage a été réalisé de façon à récupérer les eaux pluviales dans le bassin central à l’aide d’un drain primaire situé en milieu de parcelle. Lors de l’irrigation d’une culture sur gouttière hors sol, environ 10 % des eaux d’arrosage en goutte à goutte ne sont pas absorbées par les plantes. Par ailleurs, dès le printemps 2015, il est possible de louer des petits jardins hors-sol aux familles désirant cultiver des fruits et légumes le week-end. Un service de gestion des jardins pendant les vacances sera mis en place. La proximité d’un maraîcher professionnel permettra de mettre en place des formations. Les cibles sont les passionnés de jardinage mais surtout les familles d’amateurs qui souhaitent pendant 3 à 4 ans transmettre à leurs enfants le goût du jardinage et la connaissance des cycles de production.

La multifonctionnalité des fermes urbaines ou péri-urbaines

Ce projet s’inscrit dans la multifonctionnalité des fermes urbaines ou péri-urbaines avec la volonté de trouver un équilibre financier par la rémunération à la fois des actions de production en circuits les plus courts possible et des nouveaux services associés (culturel, pédagogique, loisir…). Cette vitrine va être ouverte aux visites payantes professionnelles et scolaires (niveau collège et lycée). La volonté est d’installer un véritable taux de renouvellement de la location de ces espaces. Enfin une animation, pour les entreprises et les particuliers qui souhaitent découvrir le monde apicole, sera proposée pour valoriser le rucher installé afin de favoriser la pollinisation des cultures.

Toute l’attention de la grappe d’entreprises « Le Vivant et la Ville » se focalise sur la construction de ce(s) modèle(s) économique(s) viable(s) non dépendants de budgets publics ou sociaux dans leur fonctionnement. Ces projets seront intégrés au territoire et au contexte économique local en appliquant le principe de l’économie circulaire des ressources essentielles (eau, substrat, foncier). Les techniques employées, les différentes formes de hors-sol, permettent une réversibilité des usages du foncier à moyen terme après l’amortissement des équipements d’exploitation mis en place. Ces caractéristiques sont un prérequis essentiel qui permettra demain de séduire les propriétaires et gestionnaires de fonciers délaissés.

Xavier Laureau, « Agricultures urbaines : un vivier d’opportunités entrepreneuriales », Pour 2014/4 (N° 224), p. 159-166. DOI 10.3917/pour.224.0159.

Pour plus de détails:' https://www.cairn.info/revue-pour-2014-4-page-159.htm '