ADDIS - ABEBA : La place de l'eucalyptus

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Addis-Abeba est le théâtre de profondes reconfigurations qui offrent un visage nouveau à la capitale éthiopienne. Les infrastructures sont développées. L'habitat individuel laisse place à davantage de logements collectifs et des immeubles de verre émergent, signifiant la volonté des décideurs urbains de redessiner une ville moderne. Ces mutations vont de pair avec la quête d’affirmation du positionnement de la ville sur la scène internationale. Une attention particulière est portée à l’environnement urbain. Les espaces verts - qui à Addis-Abeba sont spécialement des espaces boisés d'eucalyptus, fruits d'intenses reboisements - sont intégrés aux nouveaux projets urbains. Une dualité prend forme quant à la mise en valeur de ces zones, entre rejet de l'objet (eucalyptus) et valorisation de l'image d'une ville verte véhiculée grâce aux plantations. […]

La ville projetée se veut moderne. A Addis-Abeba, si l'édification de gratte-ciels figure essentiellement dans les documents de planification pour l'instant, la volonté de verticaliser la ville est présente" Les immeubles de verre remplacent progressivement les îlots de maisonnettes décrépies". La ville est faite de hauteur, de buildings et de grandes voies de communications". Les immeubles constituent un bâti économique car ils sont très largement dédiés à recevoir commerces et bureaux. Les infrastructures constituent un pan essentiel des mutations actuelles. La construction de lignes de tramway, l'un des chantiers les plus importants, permettra de relier la capitale du Nord au Sud et d'Est en Ouest. Ces axes ont pour but de fluidifier la circulation urbaine. Les routes sont également améliorées. Les axes secondaires n'échappent pas aux améliorations et sont de plus en plus souvent goudronnées. L'artère qui permet de relier la ville à l'aéroport a complètement changé de visage en quelques années: routes élargies, transformation en voies rapides, édifications de ponts, le tout encadré par de hauts immeubles.

L'habitat, un accroissement du logement collectif, est lui aussi intégré à ces grands projets de renouveau urbain. Les logements collectifs remplacent peu à peu les anciennes maisons populaires individuelles. Dans ce souci de travail sur l'image de la ville, un élément de l'espace urbain se dégage. Addis-Abeba est en effet plongée au cœur d'une forêt d'eucalyptus qui lui confère une certaine spécificité.

Si Addis-Abeba peut se prévaloir de la qualité de son environnement urbain (comparé à de nombreuses capitales du sud), notamment grâce à ses forêts urbaines, elle dispose aussi d'une certaine mixité sociale qui ajoute une image positive à la ville. Pour autant, il ne faudrait pas être trop présomptueux sur ces caractéristiques. Quelques projets ont été mis en place par les décideurs urbains pour tenter de valoriser cette approche durable participant de la construction d'une ville vitrine, verte, historique, écogérée, connectée, participative. La municipalité s'est ainsi engagée depuis une dizaine d'années dans la mise en place sur le terrain des prérogatives mondiales établies par les Agendas 21. Cette démarche, surtout symbolique, souligne tout de même les projections nouvelles des autorités en terme de développement urbain. La place du vert reste dominante dans le modèle de ville projetée. La forêt est notamment mise en scène pour promouvoir la capitale. De nombreux spots télévisuels survolent cette ville verte, les encarts publicitaires et touristiques n'omettent jamais de colorier d'un vert soutenu, presque fluorescent, les contours de la ville. Pour le 125ème anniversaire de naissance de d'Addis-Abeba, une image éditée par la municipalité et diffusée dans les services publics comportait trois strates pour représenter la ville; l'architecture urbaine était surplombée d'un immense ciel bleu, lui-même dominé par les rayons du soleil jaune vif.

Ces déclinaisons stéréotypées montrent que le marketing de la ville utilise cet élément, cette touche de vert pour valoriser l'aménagement de l'espace autour des arbres. La forêt est utilisée comme un symbole de la durabilité souhaitée pour les villes de demain.

La figure de la forêt urbaine occupe ainsi une place de premier ordre dans ce processus de valorisation d'Addis-Abeba comme une ville verte. Or, cette forêt qui englobe Addis-Abeba est aujourd'hui au centre de préoccupations nouvelles de la part des aménageurs urbains. Composée quasi-exclusivement d'eucalyptus, essence aujourd'hui qui répond le plus souvent à une volonté d'aménagement de la ville illustrant à la fois une conception urbaine et une représentation spécifique de la nature.

L'eucalyptus a historiquement connu un vif succès auprès des autorités et des populations locales lors de l'établissement de la toute jeune capitale Addis-Abeba. Les plantations ont été massivement développées sur le territoire urbain, puis périurbain, représentant aujourd'hui 8 000 ha de plantations, fournissant aux populations locales le bois de chauffe et de construction nécessaire. Les arbres recouvrent largement les espaces périphériques par de grandes plantations mais aussi sont présents dans les interstices urbains (bordures de rues, jardins particuliers, parcs et pourtours des églises).

Une valorisation sélective du vert se fait dans la ville. Un parc de 1300 ha est construit et réintroduit notamment les genévriers. Les espaces protégés se muent en sites récréatifs pour permettre aux additiens de profiter des hauteurs boisées de la ville. Une amorce de changement de fonctionnalités s'opère dans ces espaces qui, de zones productives, tendent à devenir des lieux de détente, avec notamment l'aménagement de sites de réception en extérieur pour des mariages ou fêtes les jours fériés.

Mais ces réalisations sont encore sommaires et ces pratiques limitées; il domine dans la capitale un maintien des pratiques populaires du bois.

Delphine Ayerbe Date : 9 décembre 2015 | disponible sur http://tem.revues.org/3132