GOVERNADOR VALDARES , Brésil : Le jardinage s’y enracine

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Governador Valadares - Brésil
Pays Brésil
Situation géographique 8° 51′ 03″ sud, 41° 56′ 56″ ouest
Maire ou élu Elisa Maria Costa
Superficie (km2) 2 348,1
Population (Année de référence) 278 363 hab.(2015)
Activités économiques La production et le commerce intense

de pierres précieuses

Adresse et coordonnées de la mairie
  • Adresse postale Teófilo Otoni : Av. Luiz Boali

Porto Salmam, 230 TEÓFILO OTONI - MG,

39802-900 Brésil;

  • Téléphone Teófilo Otoni: (33) 3529-2201 International: +55 33 3529-2201
  • Fax Teófilo Otoni:(33) 3522-2288

International: +55 33 3522-2288

  • E-Mail Teófilo Otoni : [[1]]
  • Site Internet Teófilo Otoni:www.teofilootoni.mg.gov.br
Nom et adresse de l'auteur du cas Louise Guénette

Présentation générale du cas

À Governador Valadares, au Brésil, un programme municipal d’agriculture urbaine contribue à garnir la table des citadins des quartiers à faible revenu. Les protagonistes vont et viennent, mais les jardiniers tiennent bon, grâce à l’appui bien coordonné de nombreux acteurs locaux.

Contexte et justification

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Originaire de la campagne, Mme Ribeiro Alves se retrouve à travailler la terre, ici, dans le quartier de Santa Helena qui surplombe la ville de Governador Valadares, dans l’est du Brésil. Elle peut ainsi servir à ses quatre petits-enfants des aliments de meilleure qualité et en plus grande quantité. Les légumes, qui n’occupaient pas beaucoup de place dans le régime alimentaire de la famille, s’y trouvent maintenant en abondance. « Mes petits-enfants peuvent maintenant cueillir une tomate et la manger », dit-elle.

En compagnie de cinq autres voisins, elle cultive des jardins aménagés sur un terrain qui descend en pente vers un ravin. La municipalité leur a cédé le terrain. Les agriculteurs urbains consomment autant de produits qu’ils le désirent, vendent l’excédent aux voisins et réinvestissent l’argent ainsi gagné dans l’achat de compost et de semences. Le gouvernement municipal leur fournit outils, matériaux pour les clôtures, eau, formation et conseils.

Principales composantes du cas à l'étude

Le repérage de parcelles de terrain utilisables à des fins agricoles, le mécanisme légal permettant d’en céder l’accès et l’appui constant assuré aux agriculteurs urbains par les employés municipaux résultent tous d’un projet de recherche réalisé en 2003. Financé par le Centre de recherches pour le développement international (CRDI) et ONU-HABITAT, le projet a bénéficié de la participation du gouvernement local, de l’Universidade Vale Do Rio Doce (Univale Université de la vallée de la rivière Doce) et de plusieurs organismes. Grâce à ce projet, l’agriculture urbaine a été intégrée dans les règlements municipaux, et elle est devenue un projet de vulgarisation à Univale ainsi qu’une activité prioritaire pour de nombreux organismes locaux.

Enjeux soulevés par le cas 

  • La municipalité fournit son appui
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Des associations de quartier et des groupes religieux demandaient depuis un certain temps l’aide de la municipalité pour aménager des jardins à proximité des maisons, des écoles, des garderies et des habitations pour personnes âgées. En 2001, les nouveaux administrateurs manifestèrent un certain intérêt en installant des sorties d’eau dans 12 jardins communautaires. Ce n’est cependant qu’après avoir participé activement au projet de recherche financé par le CRDI que la municipalité prit véritablement conscience de la valeur de l’agriculture urbaine en tant qu’outil pour atténuer les effets de la pauvreté et produire des revenus dans cette ville de 230 000 habitants.

La recherche financée par le CRDI prévoyait la conception et la mise à l’essai des outils et des politiques de planification dont les gouvernements locaux avaient besoin pour promouvoir l’agriculture urbaine. Rosario, en Argentine, et Cienfuegos, à Cuba, sont aussi devenus des terrains d’essai pour ces activités de recherche coordonnées, depuis Quito, par le Programme de gestion urbaine d’ONU-HABITAT.

Problématique de la durabilité urbaine 

À Governador Valadares, les partenaires du projet ont eu quelques surprises. Dès leurs premières recherches de renseignements sur l’agriculture urbaine, ils ont trouvé un sondage réalisé peu de temps auparavant par le ministère de la Santé, et qui comportait des données sur ce que les gens cultivaient dans leurs arrière-cours. Ils ont ainsi pu évaluer que la production alimentaire urbaine équivalait à environ 1,17 % du rendement économique de la municipalité, même si cette production ne jouissait d’aucune forme de reconnaissance ou de soutien. Il s’agissait d’un pourcentage élevé par rapport aux 2 % de la production agricole à petite échelle pratiquée dans les secteurs ruraux de la municipalité qui bénéficient de l’aide de l’État et que les secteurs ruraux couvraient 80 % du territoire municipal.

Une autre surprise les attendait lorsqu’ils ont voulu évaluer la quantité d’espace disponible dans la ville pour l’agriculture urbaine. Utilisant un système d’information géographique (SIG), les chercheurs ont pu repérer une grande quantité de terrains à exploiter. Dans certains quartiers, les espaces libres étaient plus nombreux que les terrains occupés ou bâtis. « Ce fut une révélation », s’exclame Ivana Lovo, biologiste, qui a dirigé le projet au nom de la Ville et, plus tard, en tant que professeur à Univale.

Les participants au projet, notamment de nombreuses associations de quartier, ont réfléchi aux politiques qui permettraient aux gens de cultiver des jardins florissants sur les terrains disponibles. Le gouvernement municipal a donné suite à leurs recommandations en 2004. Il a réduit les impôts fonciers jusqu’à 3 % sur les terrains consacrés à l’agriculture urbaine pendant une période minimale de deux ans, et a exempté du paiement de l’eau les gens qui cultivaient leur jardin sur les terrains communaux. Par le biais d’un nouveau programme d’agriculture urbaine, les agriculteurs urbains ont suivi des cours sur les pratiques agricoles sans recours aux produits chimiques et reçu des outils et des matériaux. Le gouvernement municipal a également intégré l’agriculture urbaine à son plan directeur.

Acteurs et perspectives de développement urbain 

  • Des réseaux de solidarité sociale

Governador Valadares compte maintenant 47 jardins communautaires en exploitation ainsi que des jardins potagers attenants à trois écoles et à deux garderies. Univale estime qu’environ 3 500 personnes profitent de ces jardins. La Ville a même intégré le jardinage communautaire à un projet d’habitation, Conquista, réalisé en 2003 pour donner aux squatteurs un domicile permanent.

Jasira Rodriguez dos Santos, une résidante de Conquista, a beaucoup profité du jardin communautaire. Il s’agit de l’unique source de revenus pour elle-même, son époux et sa fille. Elle n’avait, auparavant, que des haricots et du riz pour confectionner les repas, mais maintenant elle peut servir des légumes frais et tire même un peu d’argent de la vente des produits en surplus. Sans ce jardin, croit-elle, elle devrait se résigner à dépendre des organismes de bienfaisance.

Les autres résidants qui exploitent ce jardin ont accepté d’attribuer à Mme Rodriguez dos Santos près de la moitié de l’espace de jardinage aménagé jusqu’ici, conscients des graves difficultés qu’éprouve sa famille. Cette solidarité sociale caractérise d’ailleurs de nombreux agriculteurs urbains de la ville, comme, par exemple, les huit qui cultivent le jardin derrière la garderie et le centre communautaire de Bom Pastor, et qui donnent régulièrement de leurs produits aux voisins dans le besoin.

Ces légumes cultivés sans produits chimiques, même vendus aux prix du marché, sont un apport précieux dans les quartiers périphériques à faible revenu. Les magasins à proximité n’offrent des produits frais que de temps en temps, et le prix du billet d’autobus pour aller s’en procurer ailleurs est hors de portée pour bon nombre de ces gens.

Orientations stratégiques 

  • Affronter le changement
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À Governador Valadares, les partisans de l’agriculture urbaine se sont inquiétés lorsque João Domingos Fassarella, le maire qui avait soutenu les jardins communautaires, fut défait aux élections par José Bonifacio Mourão, à la fin de 2004. Ils craignaient de perdre tout ce qui avait été acquis, de dire José Carlos Miranda, du Central de Movimentos Populares (fédération des mouvements populaires). « Les politiques du nouveau maire étaient axées sur l’entreprise privée et les grands élevages bovins à l’extérieur de la ville », explique-t-il. M. Mourão en est maintenant à son deuxième mandat, et la fédération a été incapable de le convaincre de donner son appui à l’agriculture urbaine au cours de son premier mandat à la mairie, soit de 1998 à 2000.

Toutefois, plus de 50 jardins sont maintenant en exploitation et la situation a évolué considérablement. L’agriculture urbaine a fait plusieurs nouveaux adhérents parmi les organismes importants de la ville. La Pastoral da Criança (organisation pastorale pour les enfants) de l’Église catholique, par exemple, appuie haut et fort l’agriculture urbaine dans sa lutte constante pour améliorer l’alimentation des enfants. Par ailleurs, la plupart des agriculteurs urbains communautaires se sont regroupés pour former l’Associação das Hortas Comunitarias (AuHcomut Association des jardins communautaires), vouée à la défense de leurs intérêts. AuHcomut presse la municipalité de fournir des outils et des matériaux aux agriculteurs urbains et, les vendredis, loue une section d’un marché extérieur où les plus productifs d’entre eux viennent vendre leur production excédentaire. En tant qu’organisation enregistrée, AuHcomut peut aussi soumettre des propositions de financement aux bailleurs de fonds; c’est ainsi qu’elle a déjà pu obtenir l’appui de la fondation Banco do Brasil pour la construction de 13 petites serres.

Les nombreux partisans de l’agriculture urbaine de Governador Valadares, y compris AuHcomut, coordonnent leurs efforts au sein du forum sur l’agriculture urbaine et la sécurité alimentaire issu de l’initiative de recherche financée par le CRDI. Grâce aux ressources des institutions membres et à une subvention de l’État, le forum a fait connaître l’agriculture urbaine, produit du matériel d’information pour le grand public et organisé dans toute la ville des réunions avec les agriculteurs urbains pour discuter des futures orientations.

Moyens de mise en œuvre 

Lorsque la ville s’est donnée un nouveau maire, la municipalité a cessé de participer au forum pendant quelques mois. Elle a néanmoins repris sa participation depuis, mais comme le soulignent de nombreux intervenants, l’enthousiasme des autorités locales a tiédi. Afonso Nunes Martins, coordonnateur d’AuHcomut, affirme qu’il lui faut exercer davantage de pression pour obtenir le soutien technique prévu au Programme d’agriculture urbaine ainsi que le transport nécessaire pour apporter les produits au marché. La municipalité ne fait d’ailleurs plus la promotion du programme comme elle le faisait auparavant.

Newton Ferreira, secrétaire municipal de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Approvisionnement (SEMA) et responsable du programme, concède que les jardins communautaires améliorent la condition des citadins les plus pauvres. Il affirme que son personnel est à la recherche de nouvelles sources de financement. De même, SEMA a fait une proposition au maire, lui recommandant d’élargir la participation au Programme d’agriculture urbaine à un plus grand nombre de services municipaux, notamment l’Éducation, la Santé et les Travaux publics.

La municipalité, par l’entremise des Services d’aqueduc et d’égout, et Univale collaborent à un deuxième projet de recherche financé par le CRDI, portant cette fois sur la préservation des ressources en eau et sur l’utilisation plus efficace de ces ressources dans l’agriculture urbaine. Les deux partenaires figurent parmi les neuf bénéficiaires d’une petite subvention pour la recherche municipale. Ils évalueront les coûts et les avantages de l’installation d’un système d’épuration des eaux usées domestiques, prévoyant également la collecte des eaux de pluie, pour le projet d’habitation Conquista.

Analyse approfondie du cas sous étude en articulation avec la problématique de la durabilité urbaine 

  • Des repas servis à l’école couronnés par un prix d’excellence
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Le jardinage figure au programme d’enseignement de l’école élémentaire Ivo de Tassis et fait partie, également, de la stratégie mise de l’avant par la directrice Analia Fagundes Felipe pour améliorer l’alimentation des élèves. Au moment même où, dans le cadre d’un projet financé par le CRDI, le gouvernement local de Governador Valadares était à la recherche d’espaces convenant à l’agriculture urbaine et de moyens de soutenir cette activité, Mme Fagundes Felipe fit pression sur la municipalité pour obtenir son aide dans la transformation en jardin d’environ 5 000 mètres carrés de terrains appartenant à l’école. Aujourd’hui, les produits qui sont récoltés dans ce jardin font partie intégrante des repas servis aux élèves qui fréquentent l’école Ivo de Tassis en trois groupes, le matin, l’après-midi et le soir.

« La plupart des ingrédients des repas servis à l’école, comme le riz, les haricots, le lait et la viande, sont achetés. Mais l’école ne reçoit pas d’argent pour acheter des légumes. Le jardin nous permet de servir des repas complets », explique Mme Fagundes Felipe.

L’école Ivo de Tassis est devenue un modèle national, grâce à ce jardin et aux fonds supplémentaires accordés par la municipalité dans le cadre d’un projet pilote pour la préparation d’une collation servie avant la classe. Devant ce succès, les responsables du programme du gouvernement fédéral brésilien, Fome Zero (Faim Zéro) ont attribué un prix national au gouvernement municipal, en 2004, pour l’excellence des repas servis à l’école.

Les élèves de première année participent au jardin en semant les graines et en s’occupant des semis, tandis que les élèves de la cinquième à la septième années travaillent au jardin pendant les cours d’horticulture. Lorsque la récolte est trop abondante pour être utilisée au complet dans la cuisine de l’école, les enfants apportent le surplus à la maison.

Les repas servis à l’école jouent un rôle crucial dans l’éducation des enfants pauvres. « De nombreux enfants vont à l’école le ventre creux. Ils ne sont pas attentifs en classe; ils ne peuvent pas se concentrer, observe Jacqueline Miriam Maciel Junqueira, membre de la commission régionale de l’alimentation et de la sécurité alimentaire. Certains élèves de l’école Ivo de Tassis, ajoute-t-elle, ne mangent qu’un repas par jour principalement constitué de glucides comme du riz, des pâtes ou du manico. »

Leçons apprises et recommandations 

Le secrétariat municipal de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Approvisionnement (SEMA) propose de doter de jardins toutes les écoles municipales.

  • Un engagement à long terme ?

L’avenir de l’agriculture urbaine à Governador Valarares dépendra de la détermination des principales institutions à promouvoir l’activité et des agriculteurs urbains eux-mêmes.

À mesure que le mouvement évolue, il doit affronter de nouveaux défis, comme le besoin impératif de développer un marché pour ses produits. La demande est forte. Hilda Santos da Silva, qui cultive son jardin derrière le centre de santé Santo Antonio, affirme que ses voisins viennent la chercher chez elle lorsqu’ils ne la trouvent pas dans le potager, afin de lui acheter des fruits et des légumes. Lorsque les pluies sont abondantes, Mme Santos da Silva et les six autres agriculteurs avec qui elle fait équipe récoltent chaque semaine six grands paniers de laitue qu’ils n’ont aucune difficulté à vendre. Toutefois, les périodes sèches ralentissent considérablement la production. S’ils pouvaient rationaliser leur production, ils seraient en mesure de mieux approvisionner le marché et pourraient approvisionner les restaurants ainsi que mettre en conserve une partie de leurs récoltes, de dire M. Nunes Martins.

Governador Valadares compte un groupe d’agriculteurs urbains dûment formés, et un grand nombre d’entre eux se disent prêts à passer de l’agriculture de subsistance à l’agriculture commerciale. Ils se sont pris d’une passion pour la production alimentaire et entendent continuer de s’y consacrer tant et aussi longtemps qu’un soutien bien coordonné continuera d’en faire une option viable. Cette étude de cas a été rédigée par Louise Guénette de la Division des communications du CRDI.

Références

[1]