BERLIN, source d'inspiration pour la ville participative de demain

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Berlin - Allemagne
Pays Allemagne
Ville Berlin
Maire de la ville Michael Müller (SPD)
Population (Année de référence) 3 711 930 hab.(31/12/2017)
Superficie (Km2) 891,7
Activités économiques
  • Tourisme
  • Cinéma
  • Théâtre
Cordonnées de la mairie - Adresse : Rathausstraße 15

10178 BerlinZum Stadtplan ;

- Tél: +49 3090 260

- Email :

- Site web : www.berlin.de

Présentation générale du cas

Pouvoirs publics, investisseurs et citoyens seront tous amenés à prendre une part plus active dans le fonctionnement de la ville de demain. Berlin, avec son urbanisme participatif, en est à l'avant-garde.

Contexte et justification

Conséquence de son étalement urbain 891 km2, soit 8 fois la taille de Paris intramuros Berlin et ses 3,5 millions d'habitants jouissent encore de nombreux espaces vacants au cœur du tissu urbain. Loin de les laisser à l'abandon, les Berlinois se sont réappropriés ces friches et les ont transformées pour répondre à leurs besoins, notamment en espaces verts qui essaiment sur près de 40% de la surface de la ville.

Problématique de la durabilité urbaine

C'est le cas du Prinzenssinnengärten, ancien terrain vague de la taille d'un terrain de foot à deux pas de Moritzplatz, dans le quartier de Kreuzberg. Inoccupé durant près d'un demi siècle, l'espace a été réaménagé en 2006 en jardin communautaire. "Nous souhaitions disposer d'un lieu au cœur de la ville où cultiver des produits frais, rassembler une communauté et apprendre", explique avec calme son cofondateur Marco Clausen, écolo-bobo au style décontracté.

Grâce aux ventes des produits des potagers, aux recettes des quelques restaurants construits de bric et de broc dans le parc ou encore aux visites guidées régulièrement organisées, l'association Nomadic Green, en charge de la gestion du jardin, est économiquement indépendante. Pas de projection à long terme cependant ; tant pour des raisons matérielles qu'idéologiques, elle ne souhaite pas devenir propriétaire du terrain. Toutes les installations sont mobiles, le droit de location accordé par les pouvoirs publics n'étant valable que jusqu'en 2018.

Uvre de street art sur le mur de Berlin AFP

Acteurs et perspectives de développement urbain

De nouveaux acteurs incontournables

La situation de Holzmarkt est, elle, moins précaire. Ce projet de "village d'artiste" le long de la Spree, porté par une coopérative citoyenne, a obtenu un bail de 75 ans renouvelables par la Fondation Abendrot, fonds de pension suisse qui a racheté le terrain en 2008. Les travaux qui auront lieu ces dix prochaines années sur ces berges- auparavant très prisé des fêtards - non loin de la célèbre East Side Gallery, devraient aboutir à l'ouverture d'un espace collectif et alternatif constitué de logements, petits commerces, ateliers artistiques, d'un théâtre, d'une boîte de nuit... Une sorte de "ville dans la ville", comme se plaît à la présenter son président Mario Husten.

"L'idée n'était pas de faire appel à des investisseurs privés mais à des fonds coopératifs. Grâce à ce système, chaque acteur du projet dispose d'un droit de vote équivalent, quelle que soit sa participation financière", rappelle-t-il.

Orientations stratégiques

L'organisation collective de l'espace urbain n'est pas chose nouvelle à Berlin. Les Baugruppe, ou "groupes de construction", constitués par des citadins désireux d'acquérir un terrain et de partager ensemble les honoraires d'un architecte en vue de la construction d'un habitat collectif et durable existent depuis les années 90. Néanmoins, ces formes d'auto-organisation de l'espace domestique ou public prennent depuis le début du millénaire une importance de plus en plus grande, au point qu'ils représentent aujourd'hui dans certains quartiers la forme dominante d'habitat. "Jusqu'aux années 2000, les mouvements alternatifs étaient surtout expérimentaux ; aujourd'hui, ces mouvements sont devenus des acteurs économiques incontournables", remarque Finn Geipel, cofondateur du cabinet d'architecture LIN. Dans le cas des Baugruppe, ce mouvement est aujourd'hui soutenu par la ville qui met en place des prix modérés pour ces petites parcelles qui intéressent d'ailleurs peu les promoteurs immobiliers du fait de leur taille limitée.

Regards en chiens de faïence

Avec le fort taux d'endettement de la ville-Etat et son remarquable accroissement démographique lié à l'immigration, le Sénat de Berlin a pris la mesure de l'aubaine que pouvait représenter la revente de ces terrains aux investisseurs privés, au grand dam d'une partie de la population pour qui le maintien d'une certaine qualité de vie dépend de la non-construction de ces espaces.

Ce face-à-face stérile entre acteurs publics et citadins, sous le regard souvent sceptique des investisseurs privés, s'illustre très bien par le cas du projet d'aménagement de Tempelhof. Cet ancien aéroport, utilisé d'abord par les nazis puis rendu célèbre par son rôle majeur dans le pont aérien approvisionnant Berlin-Ouest lors de la Guerre Froide, a vu ses derniers appareils décoller en 2008. Depuis sa fermeture, les Berlinois ont pris l'habitude de s'y rendre afin de profiter de son vaste aérodrome. Promenades, vélo cerf-volant, grillades arrosée de bière... cet espace plus grand que Central Park est devenu en quelques années un lieu de détente privilégié de la capitale.

Leçons apprises et recommandations

Mais en 2011, un projet de réaménagement porté par la municipalité a failli mettre en péril ce petit paradis. Avec ses commerces, bureaux, habitations et sa bibliothèque, les travaux souhaités par Klaus Wowereit auraient grignoté 25% de cet espace. Trop pour les détracteurs du projet, qui craignaient par ailleurs que les autorités publiques ne respectent pas leurs engagements. En mai 2014, un référendum décide à 64,3% du maintien du parc en l'état. Résultat des courses, ce terrain de plus de 300 hectares n'est plus constructible pour personne, rendant même impossibles certains aménagements d'agrément qui seraient pourtant utiles à un usage récréatif du parc (planter un arbre, construire un banc, installer des toilettes permanentes…).

Ainsi, si Berlin peut sembler à l'avant-garde sur de nombreux sujets liés à la construction "participative" de la ville; elle renferme également les exemples les plus percutants de ce à quoi peut mener une mauvaise coopération entre ses différents acteur

Alors, comment sortir de l'impasse?

A l'aide d'une gouvernance de la ville plus proactive grâce à l'utilisation des big data afin de donner davantage de pouvoir aux citoyens et de mieux anticiper leurs attentes, répondent Stephen Goldsmith ancien adjoint au maire de New York- et Susan Crawford - ex-conseillère de Barack Obama sur l'innovation et les nouvelles technologies dans leur ouvrage The Responsive City: Engaging Communities Through Data-Smart Governance.

Références

[1]